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fête traditionel chez Tony Otuk .  Arviat

Le chamanisme et la réintégration des délinquants dans la communauté

Résumé :
Le droit n’existait pas dans les traditions inuit en tant que savoir abstrait et autonome qu’il aurait suffi de consigner sur bande magnétique pour le rendre accessible. Les principes moraux et sociaux régissant le maintien de l’ordre social variaient selon le contexte et la région, en plus d’évoluer dans le temps. Les aînés ont eux-mêmes insisté sur l’ampleur des changements dont ils ont été témoins depuis leur enfance.
Le leadership est passé dans les mains de la jeune génération. Les anciens se sentent donc mis de côté. Ils savent par contre qu’ils peuvent encore tenir un rôle important au sein de la société inuit contemporaine. Pour cela, il faudra en arriver à une synthèse des conceptions anciennes et nouvelles du leadership, en tenant compte du rôle des anciens et de celui des nouveaux dirigeants.
Afin d’atteindre nos objectifs et de ne pas nous écarter du sujet, nous avons tenu un atelier fermé en nature, à l’extérieur de la communauté de Kangiq&iniq, du 29 juin au 6 juillet 2000. Plusieurs anciens de cette région se souviennent de l’ère pré-chrétienne. Henry Kablaalik de Kangiq&iniq a accepté d’assumer la coordination du projet. Nous avons retenu huit anciens provenant de diverses régions : Ollie Itinnuaq, Felix Pisuk, Mariano Aupilaarjuk et Pujuat Tapaqti de Kangiq&iniq; Peter Suvaksiuq d’Arviat; Luke Nuliajuk d’Uqsuqtuuq; ainsi que Jose Angutinngurniq et Levi Iluittuq de Kuugaarruk.
Le succès ou l’échec de l’atelier tenait en grande partie au lieu où il se déroulerait. Nous avons choisi le camp d’Ollie Itinnuaq. Celui-ci a dépensé beaucoup de temps, d’argent et d’énergie pour préparer l’atelier, ainsi que pour reconstruire et modifier sa cabine en conséquence. Les rencontres quotidiennes se sont déroulées à l’intérieur de cette cabine en bois. Les séances avaient lieu le jour et en soirée. La formule a grandement plu aux aînés.
Jarich Oosten and Frédéric Laugrand
Citation :
Ollie Itinnuaq
Je pense qu’on ressent de la peur chaque fois que quelque chose de maléfique nous touche. On a envie de s’enfuir, on ne se sent pas bien. C’est probablement parce que quelque chose de mauvais s’est approché de nous. Mais si un bon tarniq s’approche de nous, on ne se sent pas comme cela. La personne qui n’y est pas habituée se sentira inconfortable. Même s’il s’agit d’un bon tarniq, cela surprend. Ce n’est pas une sensation que l’on recherche. Si on ne connaît pas bien les tarniit, on peut même se tromper sur leur nature en sentant leur présence. Lorsqu’ils prêchent, les prêtres parlent constamment de ceci, en partie. Les prêtres essaient de guérir l’âme, alors que les angakkuit essaient de guérir à la fois le corps et l’âme. C’est en se débarrassant du méchant, en rendant sa santé au tarniq, qu’ils sont capables de guérir. C’est ainsi que les angakkuit se rendent utiles.