Résumé :
La collection Interviewing Inuit Elders présente ici son premier volume, Introduction. Comme le titre de la collection l’indique, chacun des livres rassemble autour d’un même thème des témoignages oraux d’aînées inuit. Le projet a d’abord été mis sur pied par un partenariat entre le Collège de l’Arctique du Nunavut et l’Université de Leiden en 1994. Dès 1996, le Collège de l’Arctique du Nunavut a organisé un cours sur la tradition orale inuit, destiné aux étudiants inscrits à son Programme d’études inuit. Le but de ce cours était de former des étudiants à la cueillette de données, mais aussi de conserver ces informations et les rendre accessibles aux étudiants, aux chercheurs, ainsi qu’à un public intéressé.
Introduction est le produit de ce cours. On y retrouve, « les entrevues avec les aînés, les essais des étudiants et les légendes recueillies dans le contexte du projet sur les traditions orales. » (Page 12)
Citation :
Elisapee Ootoova
Pendant l’été, s’il y avait beaucoup de phoques, ils étaient conservés dans des caches qui pouvaient se trouver assez loin du campement principal. Quand on avait faim, on n’avait personne vers qui se tourner pour dire qu’on avait faim. Les conditions météorologiques ne coopéraient pas toujours, non plus, pour permettre aux chasseurs de chasser tous les jours. S’ils n’avaient pas eu de caches, ils se seraient demandés s’ils allaient mourir de faim, même s’ils chassaient continuellement le phoque sous la glace. Maintenant la saison de l’obscurité arrive sur notre territoire. Le ciel est de plus en plus noir. Novembre, décembre et janvier sont les mois de l’obscurité. C’est à ce moment-là que survient la maladie. Quand on relève de maladie, le soleil commence à revenir. On sait que c’est une nouvelle saison, même si rien n’est écrit. Dans le passé, ils comptaient probablement les mois sur leurs doigts et se servaient des étoiles pour identifier les saisons. On peut les voir là haut qui brillent, et puis elles finissent par disparaître. Il y a deux étoiles qui sont comme ça , akuttujuuk. Quand elles commencent à disparaître, on sait que les jours rallongent. Les gens ne sont plus malades, les étoiles disparaissent à intervalles plus longs et on sait que la lumière du jour est en train de revenir. (Page 33)